Auteur : Daniel Arsand
Éditeur : Actes Sud
Date de sortie : mars 2016
~ RÉSUMÉ ~
Quand l'Allemand Klaus Hirschkuh débarque à la gare de Leipzig, ce jour de novembre 1945, c'est une ville détruite qu'il redécouvre pas à pas. Le jeune homme qui marche dans ces décombres est lui-même en morceaux. Il vient de passer quatre ans à Buchenwald. Parce qu'il est homosexuel. A bout de forces, il est une ombre, un fantôme. Scandaleusement vivant pourtant. Et il n'a pas fini d'expier. Un garçon ordinaire, une différence ordinaire, une simple vie, un trajet : Klaus s'exile en France et y traverse une moitié de siècle - le travail, l'amitié, l'amour, l'espoir et les déceptions, les chagrins et la joie - pour s'entendre chasser, à l'aube des années 1990, d'une cérémonie du souvenir dans la province française aux cris de "les pédés aux fours !". Survivre : un miracle et une responsabilité dont la réalisation n'a pas à être spectaculaire mais qui relève d'un combat intime, tenace, insurmontable parfois, solitaire souvent, et toujours sans répit.
~ MA CHRONIQUE ~
Un récit bouleversant, qui m'a retournée les tripes et le cœur. Les larmes ont coulé, souvent, douloureusement.
Un texte poignant où l'horreur est décrite avec une dureté cruelle, parfois insoutenable.
Klaus est un homme brisé par ses quatre années au camp de Buchenwald. Un homme qui sera hanté toute sa vie par les atrocités subies, par son abnégation pour sa survie. Un homme qui vivra en parallèle souvenir et présent, un entremêlement de douleur et d'espoir, la vie se confondant parfois avec l'odeur de la mort.
Page après page c'est un périple fort en émotion que nous suivons, un chemin tortueux où Klaus se débattra avec ses angoisses, son dégoût de lui-même, de ses acceptations, ses souvenirs gravés dans sa chair, dans son âme.
Il nous décrit avec franchise l'homme qu'il a été dans le camp, l'homme qu'il déteste aussi et l'homme qui a survécu...mais à quel prix.
A vif dans ses souvenirs, traumatisé par la perte de son amour, celui-ci sera pourtant son salut intérieure, sa force divine pendant ses quatre années d'horreurs, de soumissions, de salissures.
Ce qui est très intéressant, c'est que l'auteur a non seulement décrit le retour de Klaus après le camp, mais aussi son retour parmi sa famille, son retour au travail...à la vie...une vie fantôme. Ainsi, nous découvrons la réaction et les comportements de ses parents et de son frère, qui sont parfois stupéfiants.
Avec Julien, Klaus retrouvera ce qu'il a perdu tout en se libérant partiellement de ce qu'il a vécu.
Klaus et Julien, c'est un amour où l'ombre de là-bas sera omniprésente, changera d'esprit. Des instants difficiles seront vécus, des instants de confessions absolus seront dévoilés.
Une belle histoire d'amour entre eux, où "l'étoile rose" va trouver sa lumière, sans jamais quitter les ombres.
L'auteur possède une écriture et un style très particulier, tantôt haché, tantôt long. Des mots crus, sans ambages, dans leur vérité la plus pure.
Une plume qui vous transmettra indéniablement des émotions, très puissantes, accentuées par des répétitions, et qui saura vous faire ressentir tout l'amour présent à chaque page, tout comme l'ignominie et l'enfer.
Il n'est pas évident de parler de ce texte tant il est poignant, vrai, dur, si réel, qu'à mon sens il faut le lire pour le comprendre et pour le vivre, car oui, ce roman ne se lit pas, il se vit.
En bref, un roman que j'ai franchement aimé, possédant un récit et des personnages attachants, poignants. Un texte parfois violent dans sa narration. Une violence nécessaire pour avouer cette vérité cachée, cette vérité qui dérange, cette vérité qui déchire, cette vérité qui libère. Nécessaire pour montrer l'existence de ce qui fut tu, l'existence de l'innommable, pour ne plus jamais que cela ne se reproduise.
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